La ville sur le divan
Depuis ses balbutiements en 2003, L’ANPU, alias l’Agence nationale de psychanalyse urbaine, a déjà couché sur le divan une cinquantaine de cités patientes (Marseille, Rennes, Angers, Saint- Nazaire, Tours, Alger, Hénin-Beaumont, etc.). Gai luron, corsaire lacanien, Laurent Petit décrypte à grands coups de raccourcis, de jeux de mots, de rapprochements incongrus et de mauvaise foi analogique, l’inconscient de nos cités et quartiers, faisant surgir de ce micmac drolatique bien des vérités de l’inconscient collectif.
De défrichage historique dans les archives en « opérations divan » auprès des habitants, les recherches menées dans chaque ville permettent de détecter ses névroses en reconstituant son « arbre mythologique ». Entre vécu social, légendes urbaines et traumatismes enfouis - « crises, épidémies, voire descentes en 2e division », s’esquisse le PNSU de la ville, son Point névrostratégique urbain.
Reprenant les codes de la psychanalyse et batifolant avec bonheur dans ses champs lexicaux - à l’instar du « retour sur soie » des Tourangeaux, ou de « la peur de stérilité de l’habitant d’Angers (sic) face à l’expansion urbaine » -, l’ANPU met à jour des réalités tangibles qu’elles soient aberrations architecturales ou inhibitions larvées : losangélisation des Côtes-d’Armor, beffrois phalliques se dressant dans le ciel béthunois, complexe de Saint-Pierre-des-Corps face à Tours...
En s’arrêtant sur quelques cas choisis - Vierzon, Les Côtes d’Armor, Tours, la Zone de l’Union (59), Marseille et Alger - cette petite introduction à la psychanalyse urbaine ne se contente pas de mettre au jour les névroses, refoulements et autres tabous des villes analysées, elle expose des solutions thérapeutiques - par le biais de TRU ou de TRA (Traitements radicaux urbains ou architecturaux) - aussi utopiques que révélatrices.