Guiseppe Pagano et l'architecture rurale italienne
Rencontre - débat avec l'historien de l'architecture, Federico Ferrari, autour du livre mythique de Giuseppe Pagano et Guarniero Daniel : Architecture rurale italienne (Éditions Conférences)
Présentation de l'éditeur :
Architecture rurale italienne a acquis avec le temps une dimension presque mythique : ce catalogue de l’exposition qu’organise Giuseppe Pagano à la Triennale de Milan en 1936 entend démontrer le génie fonctionnel de l’architecture rurale léguée par la tradition la plus ancienne, et chercher dans la rationalité de l’architecture spontanée sa valeur universelle. Pagano a parcouru l’Italie entière pour en rapporter ces photographies magistrales, que commente son propos théorique, réflexion ardente sur la nature et les devoirs de l’architecture moderne. Cette longue tradition de la construction rurale, cette « architecture sans architecte », est l’école du fonctionnalisme que Pagano appelle de ses vœux ; et, photographiée par lui, elle fait percevoir, de la façon pour nous la plus poignante, tous les prestiges de l’image et sa puissance de nostalgie, servis par la mise en page magnifique qui en fut faite en 1936. Pour son édition française, ce catalogue comprend en annexe quelques études appelées par la figure de Giuseppe Pagano (Parenzo, 1896 – Mauthausen, 1945), exceptionnelle à plus d’un titre. Car celui-ci ne fut pas seulement un architecte décisif de l’entre-deux guerres, un photographe de premier plan, un théoricien auteur d’innombrables articles dans les revues les plus importantes du temps ; il fut aussi un homme au destin exemplaire et singulier. Il crut ardemment à la « révolution fasciste » et à ses promesses sociales ; mais son exigence d’architecte en mesura les impasses, et son opposition progressive au régime excéda vite le domaine de l’architecture pour devenir, au nom même de la dimension sociale de celle-ci, lutte politique puis engagement dans la Résistance — jusqu’à lui faire connaître l’emprisonnement, la torture, la déportation et la mort. C’est tout cela, la beauté des images, la précision du regard, l’intelligence engagée du propos architectural, la personnalité et le destin contrastés de l’auteur, qui donne à l’Architecture rurale italienne d’être un des livres les plus marquants de l’invention architecturale du XXe siècle. Textes de Giuseppe Pagano, Christophe Carraud, Gabriella Musto, Alessandro Mauro, Antonino Saggio.
Federico Ferrari est architecte diplômé du Politecnico de Milan et docteur en urbanisme du Iuav de Venise. Il est professeur à l’École Spéciale d’Architecture à Paris, maître de conférences en histoire de l’architecture et de la ville à l’ENSA Nantes et membre du Laboratoire ACS (Architecture Culture Société) – UMR AUSser 3329 du CNRS/Université Paris Sciences et Lettres.
Ses recherches et ses enseignements portent sur l’architecture et la ville de la seconde moitié du XXe siècle, notamment sur la mise en récit de l’architecture et de l’urbanisme à l’époque postmoderne et sur les aspects culturels du discours écologique.