7²

Notre période historique est caractérisée par le fait majeur de l'inscription du texte au sein de supports multiples (livres, ordinateurs, objets électroniques). L'extension du numérique constitue un événement de langage, qui occasionne notamment le développement d'un index sans cesse en expansion, composé de noms de marques, de logiciels, de nouveaux procédés, qui favorise un usage toujours plus étendu d'une «cyberlangue américaine» à l'œuvre dans l'économie du courrier électronique et dans les documents internet. D'un autre côté, il est marquant de relever que l'imprimé ne disparaît pas, mais qu'il continue de proliférer en parallèle, induisant des effets de complexification de l'économie générale du texte.

7² cherche à développer une «narration» distribuée à l'intérieur de régimes d'écritures hétérogènes, intégrant dans le cadre du livre des jeux d'exposition de l'écrit de plus en plus visibles dans l'espace urbain ou sur internet. L'enjeu consiste à construire une structure textuelle qui expose - à l'intérieur d'un récit unifié et par l'adoption de principes rigoureux, fondés sur des différences grammaticales perceptibles, des jeux spécifiques avec les pronoms, les temps, la distribution de «familles» de textes en séries distinctes... - un large spectre de nouvelles modalités langagières, sous la forme d'un «zapping», désormais constitutif de notre expérience quotidienne (glissements perceptifs ininterrompus d'informations sur journaux, télévisions, livres, ordinateurs, téléphones portables, internet, voix de synthèse...).

7² expose un projet poétique qui souhaite se confronter aux mutations de nos rapports aux signes, et délibérément «connecté» à la prolifération et à la complexité des pratiques langagières contemporaines.