Collection(s) : Mosaïque
Paru le 05/01/2002 | Broché 96 pages
«Tu te saques d'ici le plus vite possible», lui a dit sans animosité Valérie. Ce 23 septembre, Gérard Skerzek, exsoixante-huitard passé du côté du manche, se trouve brutalement confronté aux velléités émancipatrices de sa femme.
Fataliste, Gérard qui fait partie de ces gens qui se sentent rassurés quand tout va mal, encaisse le coup. Jusqu'au moment où, victime expiatoire de la loi de l'emmerdement maximum, il est rattrapé par l'implacable logique du profit maximal. Une convocation au siège de la boîte, le sourire sarcastique d'un adjoint qui flaire la curée... Un coup de poing trop bien ajusté précipite Gérard Skerzek dans les profondeurs abyssales où l'entraîne son destin. No futur...
Après s'être essayé un temps à l'écriture radiophonique, Patrick Kaczmarek signe là son premier roman. Militant communiste, élu au conseil régional de Picardie, médecin dans un quartier populaire et au Centre Hospitalier Universitaire d'Amiens, l'auteur joue de la plume comme il pratique en médecine : sans détours, en homme pressé qui fait confiance à son instinct.
Une écriture sèche et rugueuse, mais qui ne parvient pas à oublier ce geste poétique qui avait déjà conduit Patrick Kaczmarek à commettre voici quelque temps, «Ninja».
«A la saison des pluies acides» est un tableau sans complaisance où s'entrechoquent les pensées noires de personnages en mal de sentiments et quelques réflexions sur un monde mondialisé décidément bien cruel. Le tout sur fond de banlieue crasse illuminée par les flammes des voitures qui brûlent.
«Les gens d'ici sont dignes, sans esbroufe, pingres, méfiants et fidèles. Une ville faite pour la solitude...», résume Patrick Kaczmarek lorsqu'il évoque dans son roman, l'univers où se noue le drame. Un monde en noir et blanc qui donne à cette histoire une profondeur qui en fait aussi la saveur.
«Le mal-vivre n'est pas un mythe, c'est une réalité», écrit l'auteur.
«A la saison des pluies acides» nous assène avec une froideur lucide, quelques belles vérités désabusées.
Philippe Fluckiger
