Abou Jahjah, l'erreur

Qui est Dyab Abou Jahjah? Ce jeune belge d'origine libanaise a défrayé la chronique, en novembre 2002, lorsque son mouvement, la Ligue arabe européenne, a mis en place à Anvers des patrouilles de surveillance de la police. Un fou d'Allah? Un terroriste en herbe? Un terroriste imberbe? Un rétrograde? Un agent du Hezbollah ou des frères musulmans, ou des deux? Un subversif, qui entend mobiliser les jeunes immigrés pour fracasser la démocratie, comme on fracture une porte? Pris de panique à l'approche des élections législatives du 18 mai, le monde politique belge se lançait alors dans un exercice de diabolisation incontrôlée qui hissait Dyab Abou Jahjah, dans certains quartiers, au rang de héros, voire de martyr de la cause arabomusulmane. Pourquoi tant de haine? En jetant ces hauts cris, les ténors politiques n'ont-ils pas eux-mêmes contribué à l'oeuvre dévastatrice du Vlaams Blok? En réalité, Dyab Abou Jahjah ne méritait ni cet excès d'honneur ni cette indignité. Portrait d'un agitateur charismatique et polyglotte, intellectuel arabe d'abord, musulman pour suivre, né d'une mère chrétienne, doctorant à l'UCL, mû par la conviction et l'ambition politiques, qui a décidé de combattre l'exclusion autant que l'assimilation, mais dans le cadre des lois.