Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 577 pages
Poids : 993 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-37701-093-6
EAN : 9782377010936
Ahmed Boumendjel (1908-1982)
de la conquête morale coloniale à la reconquête de la souveraineté nationale
parcours politique et documents, syndicalisme étudiant, nationalisme fédéraliste et diplomatie de guerre
Quatrième de couverture
Ahmed Boumendjel (1908-1982)
De la « conquête morale » coloniale à la reconquête de la souveraineté nationale
L'actualité nous rappelle combien le besoin existe de mieux connaître les grandes figures algériennes menacées par l'oubli. Voici donc la biographie d'Ahmed Boumendjel - frère aîné d'Ali, dont l'État français vient de reconnaître officiellement l'assassinat par l'armée française en 1957. Ahmed Boumendjel, dont les prises de conscience coïncident avec les débuts du nationalisme algérien moderne ; et dont la « courbe de vie » traverse l'histoire de l'Algérie, de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu'aux négociations d'Évian. Un parcours dont l'accès à des archives inexploitées a permis de resituer, dans leur contexte, les engagements de cet intellectuel que les blocages coloniaux poussèrent à l'action.
Fils d'instituteur, entré en 1923 à l'École normale de Bouzaréah, Ahmed Boumendjel semblait voué à poursuivre, comme son père, la « conquête morale » coloniale. À l'inverse, il va se signaler par une multiplicité d'engagements en vue de la reconquête de la souveraineté nationale. Passé par le syndicalisme étudiant, l'aide aux immigrés, le militantisme au sein du Comité pour le retour de l'émir Khaled et de groupements anti-fascistes, il est déçu par le Front populaire. Devenu l'un des avocats de Messali Hadj, il est élu, grâce aux voix nationalistes de la Casbah, au conseil municipal d'Alger où il a le courage de dénoncer les lois anti-juives de Vichy.
Ferhat Abbas devenu le chef de file du nationalisme fédéraliste, Ahmed Boumendjel en est l'un des principaux lieutenants. Quand il décline la proposition du gouverneur « libéral » Chataigneau de le nommer au Conseil d'État, au titre de la première « promotion musulmane », le chef du Service des liaisons nord-africaines, le colonel Schoen, déplore le maintien du grand « potentiel Boumendjel » à la disposition de l'UDMA et au service de l'alliance entre les réformismes - politique et religieux -, prélude à la constitution d'un « Front algérien ». L'action de Boumendjel dans le Comité fédéral de la Fédération de France, son rôle dans les contacts secrets en font un « homme très dangereux » aux yeux du ministre-résidant Robert Lacoste.
Retracer le parcours d'Ahmed Boumendjel conduit à revisiter des pans entiers de l'histoire du nationalisme algérien, et à améliorer la connaissance d'épisodes tels que ceux de la diplomatie de guerre : il en fut l'un des animateurs les plus en vue avec Saad Dahlab, Tayeb Boulahroufet Mohamed-Seddik Benyahia ; avec ce dernier, il partagea en juin 1960 le titre inattendu de « plénipotentiaire » à la conférence franco-algérienne de Melun.
Au moment où l'Algérie cherche à instituer une vraie démocratie, nul doute que la leçon que l'on retiendra du parcours de ce démocrate rompu au parlementarisme français et au militantisme algérien puisse aider à réhabiliter le politique, marginalisé par le poids du militaire et du religieux.