Alain-Fournier Le Grand Meaulnes ou Le bond dans le Paradis

Le Grand Meaulnes

Les études fourniériennes ont longtemps été du type « oeuvre reflet de l'homme ». Mais une telle démarche ne suffit pas, à elle seule, pour expliquer la fascination exercée par Le Grand Meaulnes. On aimerait comprendre pourquoi une oeuvre nous émeut, et telle est notre ambition : rendre le lecteur conscient de la présence de figures endormies dans son propre imaginaire.

De fait, la question du sens surgit à chaque moment de la vie : l'homme y passe à travers des forêts de symboles. Le recours aux structures fondamentales de l'imaginaire permet ainsi de déceler les images par lesquelles se manifeste l'archétype. Pour ce qui concerne Le Grand Meaulnes, l'archétype « raconté » est alors le mythe de l'Éden perdu, le Pays sans nom : « Un homme qui a fait une fois un bond dans le Paradis, comment pourrait-il s'accoutumer ensuite de la vie de tout le monde ? »

« Pris dans une itinérance herméneutique qui le conduit du texte à l'univers imaginaire », comme l'écrit l'historien et critique littéraire Georges Cesbron, Claude Herzfeld « transforme son propre processus d'interprétation tout à tour analytique, génétique, catégorielle (...) Le parcours romanesque double un parcours existentiel. »