Altérité et psychopathologie

Mettre en regard altérité et psychopathologie porte l'accent sur le paradoxe soulevé et maintenu par la psychanalyse : le conscient ne constitue que la petite partie émergée de notre capacité de penser issue de notre fonctionnement psychique. La plus grande part, relève de nos identifications inconscientes sur fond d'interdit de l'inceste, d'affects et d'idéaux, ce qui laisse entendre que nous sommes surdéterminés par une altérité interne, le discours de l'Autre et des autres, qui nous rend étrangers à nous-mêmes. Le paradoxe est de croire que l'étrange et l'étranger se situent essentiellement dans la réalité extérieure, alors que la plupart du temps, l'un et l'autre ne sont que la projection de notre réalité fantasmatique telle que peuvent nous la révéler nos rêves les plus scabreux, la littérature ou la psychopathologie.

Une telle problématique concerne particulièrement notre contexte culturel au moment où la xénophobie se répand de manière aiguë pour cautionner la fragilité d'une politique culturelle réduite à un management purement gestionnaire issu du capitalisme financier, qui exclut la force souterraine du lien à l'autre. Et les deux grands thèmes développés : « Clinique et altérité » et « littérature et altérité » auxquels un interlude sur la structure psychique vient apporter un rebondissement théorique, contribuent à mettre à jour à travers les loupes de la psychopathologie et de la littérature, les processus spécifiques de certaines figures de notre altérité interne.

Cet ouvrage est issu de conférences dispensées au cours de l'année 2008 par des enseignants-chercheurs du laboratoire de psychogenèse et de psychopathologie (UTRPP- EA 3413) de l'université Paris 13, dans le cadre de l'axe 2 des axes et thèmes de recherche de la Maison des Sciences de l'Homme (MSH) de Paris-Nord, axe initié par le D^r Richard Rechtman et intitulé « Altérité, Psychisme et Santé mentale ».