Amalgames

C'est en juin 1988 que j'ai aperçu pour la première fois mon Maître. Elle déambulait un midi sur un large trottoir sous le soleil du sud de la France à la recherche d'une place sur une terrasse de bistrot. Elle était habillée d'une robe noire, coupée dans des tissus se superposant en plusieurs couches et qui rappelait étrangement les vêtements des nomades de l'Asie centrale. Elle était corpulente, pour ne pas dire grosse, mesurait à peu près 1.65 m, aux cheveux bruns, bouclés, tombant en cascades jusqu'au milieu du dos, traités au Henné, ce qui leur conférait un éclat roux et qui accentuait encore l'aspect nomade. Elle devait avoir environ 25 ans. Sa poitrine était « généreuse » et son fessier rond, ferme et haut perché me rappelait celui des mamans noires d'Afrique. Son poids l'obligeait à une marche lente et majestueuse, le dos droit, la tête haute, les pieds en canard comme les femmes enceintes.

Ce qui m'intriguait était une étrange vision, jusque-là totalement inconnue pour moi. Mon Maître se déplaçait.....

Aucun esprit n'est, pour lui, impénétrable, poussé par une curiosité insatiable. Non une curiosité malsaine, emprunte de voyeurisme, mais la soif d'apprendre, de comprendre, d'expérimenter pour encore apprendre et forger, par la pratique, un enseignement de ce qui a été appris.

Sa boussole ? L'intuition, le bon sens. Ses garde-fous ? La rigueur dans l'observation et la vérification, la lucidité et la question magique, véritable sésame, pour se frayer un chemin dans un univers sans cesse différent, tel un continent à découvrir : « comment ? » et jamais « pourquoi ? »

Ses outils ? La disponibilité dans l'écoute. Une écoute attentive dénuée de jugement, la vivacité d'esprit, dans ce véritable jeu de piste qu'est la quête d'indices. Ses atouts ? La clairvoyance, l'intelligence du coeur et l'humour. Son voeu ? La liberté d'être pour chaque être humain que compte cette planète.

Son seul défaut ? L'impatience face à l'inertie de l'humanité.