Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 75 pages
Poids : 202 g
Dimensions : 16cm X 18cm
ISBN : 978-2-915694-82-6
EAN : 9782915694826
Andrée Acézat, oublier le passé
Quatrième de couverture
Une fois n'est pas coutume, La Petite Brute accueille une artiste, quoique très hors des normes... Andrée Acézat étudia aux Beaux-Arts de Bordeaux et se consacra ensuite à une peinture de genre plutôt rebattue - nus, paysages, natures mortes d'honnête facture mais sans génie. Cela dura jusqu'à ses 70 ans, lorsque - par un mystère encore non éclairci - elle rompit les ponts avec tout ce qu'elle avait pratiqué jusque-là. Elle se mit à dessiner comme une enfant un cortège de petits bonshommes croqués d'après ses rencontres, grosses têtes enflées vissées à des troncs d'un seul bloc, d'où des membres grêles peinent à s'extirper.
Andrée Acézat ne voulait pas vendre. Ce dont elle se séparait, elle l'offrait. Dans la région de Bordeaux, on rencontre au hasard des brocantes quelques-unes de ces oeuvres expressives, d'une sincérité entière et malicieuse. C'est ce qui a incité Bruno Montpied, armé de son poignard subtil, à se lancer à la recherche de cette singulière anonyme...
La Petite Brute vise à faire découvrir aussi bien l'art dit « naïf » ou « brut » que certaines formes d'art populaire insolite d'hier ou d'aujourd'hui, parfois revendiquées actuellement sous le terme d'« art modeste ». De l'art certes, mais sans artistes - au sens où ce mot désigne aussi une caste à part.
Cet art de l'immédiat présente aux regards une osmose exemplaire entre l'intelligence instantanée des phénomènes vitaux et sa transcription plastique - car sachant trouver les raccourcis les plus directs entre expression et perception. Ses multiples apparitions (poésie naturelle, art brut, naïf, modeste, architectures et environnements d'autodidactes, poésie involontaire des inscriptions fautives ou simplement bizarres, graffiti, violons d'Ingres populaires, inventions loufoques...) se déploient le plus souvent à mille lieues des médias et du marché.
Les noms des créateurs méritant d'être signalés par La Petite Brute sont donc le plus souvent inconnus du public. Leurs créations parallèles sont néanmoins tout aussi inventives que celles des artistes reconnus, parfois bien davantage. Admettre ce fait implique un bouleversement du regard propre à entraîner une rupture avec l'organisation sociale dominante - tant ce libre rapport à la création est étranger aux triomphantes idéologies de la rentabilité.
Ces arts de la plèbe, riches en possibilités de dépassement, participent donc de la résistance à la standardisation de l'espace public ou privé ; ils sont aussi un contrepoison à l'accaparement asphyxiant de la création par le commerce et la spéculation.