Angel Vergara

Remettre l'ouvrage sur le métier, empreindre et effacer sans cesse la toile, y pénétrer obstinément et l'habiter au point de s'y fondre, tels sont les traits et les lignes de force de l'opus magnum d'Angel Vergara. Son acte fondateur fut, dans les années 1980, de s'envelopper d'un drap blanc - comme d'une toile vierge ou d'un linceul fantomatique - pour filtrer et transposer en diagramme toute une écologie urbaine et une économie d'échanges humains (marchands, culturels, politiques ou artistiques). En plus de l'agilité du pinceau, de la fluidité de la couleur et de la liberté d'une toile parfois partagée avec des passants, c'est l'ingéniosité de dispositifs hybrides et d'assemblages auxquels Straatman, son alter ego, aura recours qui singularise, dans l'art contemporain, une oeuvre en forme d'allégorie de la peinture et en prise directe avec le réel.

Taking the work back to the drawing board, constantly marking and erasing the canvas, stubbornly penetrating it and inhabiting it to the point of melting into it, these are the features and 'line of flight' of Angel Vergara's magnum opus. Indeed, Vergara's original act, initiated in the 1980s, of covering himself with a white sheet - as if it were a blank canvas or a ghostly shroud - filters and transposes into sketches a whole urban ecology and an economy of human exchanges (be they commercial, cultural, political or artistic). Thus, in addition to drawing on the agility of the brush, the fluidity of colour and the freedom of a canvas sometimes shared on the ground with other participants, Straatman, the artist's alter ego, resorts to the ingenuity of multiple hybrid devices and assemblages to produce work in the form of an allegory of painting and in direct contact with reality.