Les troubadours limousins

Ils ont inventé l'amour, ils ont inventé la chanson, ils ont inventé la chanson d'amour. Météore aussi prodigieux que fugace, on a vu naître à l'orée du XII^e siècle sur les terres limousines une poésie lyrique en langue d'oc qui s'émancipe des thèmes religieux pour « inventer » le plus profane des sujets, l'amour de la Dame, objet de vénération mais aussi sujet de souffrances. Il s'agit d'un phénomène culturel inouï, sans équivalent, et dont le retentissement va parcourir l'Europe entière : l'amour courtois chanté par les troubadours limousins résonna de l'Angleterre à l'Allemagne, de l'Espagne à l'Italie et même jusqu'à la lointaine Hongrie ; il accompagna les Croisés jusqu'aux terres arides de la Palestine.

Cette plongée au sein des châteaux limousins (Ventadour, Turenne, Comborn, Ussel, etc.) va aussi nous permettre d'entrevoir quelques éléments de la vie quotidienne d'une époque qui nous est par nature étrangère, car nos troubadours, las de chanter les plaies d'amour, se sont lancé débats et défis sur des sujets plus terre à terre : ils ont adoré guerroyer en chansons.

Mais ces vieux poèmes méritaient que l'on en renouvelle le traitement, en privilégiant les sources purement occitanes, en éclairant leur genèse et en élucidant les principales difficultés que l'on peut rencontrer à leur lecture : telle est l'ambition de la présente anthologie.