Anthologie poétique

Quand on a rêvé de transformer le monde, et que ce rêve est allé tout droit vers sa destruction, il faut accueillir le geste verbal du poème qui vous chuchote, à contre irréparable, une leçon d'amour pleine de modestie et de simplicité. La vérité n'est jamais dans les belles images qui partent en fumée dès qu'on tente d'y entrer : elle n'est fixée nulle part et demeure latente, mais elle se laisse parfois toucher dans la caresse qui ajoute au désir le respect de la vie telle qu'ensuite elle continuera sans vous.
Bernard Noël
(préface à Soleil noir ta peau)

À propos de Traversée en trois temps, Bernard Noël a écrit à Andrée Appercelle : « J'aime ta façon d'aviver le poème par quelques crudités qui viennent là très justement mettre du corps, donc de la vie. Tout à coup, fracture, et voilà que les mots sont cousus de présence cependant que le lecteur partage l'abrupt, la verticalité. Tu as une scansion étrange, hérissée, piquante, qui contribue elle aussi à forcer l'attention. Et de magnifiques allitérations. »