Archipel de la douleur

«Je connais un peu Hans Christoph Buch. Je pensais avoir une idée assez précise de l'homme qu'il était. Or voici ce recueil de reportages de guerre étalés sur les vingt dernières années - et je suis sidéré par le personnage que je découvre et dont je m'aperçois en fait que je ne savais rien...

Ma sidération ne vient pas seulement du grand nombre de théâtres qu'il a écumés pendant ces années et dont l'anthologie porte témoignage: Tchétchénie, Kenya, Sierra Leone, Rwanda, Haïti, Liberia, Cambodge, Sud Soudan, Albanie, Algérie, ancienne Yougoslavie, Pakistan - j'en oublie. Non. Elle tient à la précision, à la justesse extrême de l'observation qui nourrit ces pages. Elle tient à cet oeil très sûr, cette oreille, qui sont les siens et dont je ne connais tout compte fait, en France comme en Allemagne, que très peu d'équivalents.

Il y a des pages qui, dans le livre qu'on va lire, m'inspirent une admiration totale.

Tout cela, oui, est du très grand reportage.

Et si, dans un livre comme celui-là, il s'agissait encore, pour un écrivain, d'aller, au plus loin de soi et du monde, prendre, dans le même mouvement, des nouvelles du monde et de soi?»

Bernard-Henri Lévy.