Armanhac negre, 1

Raymond Lajus (Lo Ramonet deu Pè de la Vit) mérite plus que quiconque le beau nom de chroniqueur. Le lecteur trouvera dans ses écrits l'exactitude scrupuleuse des faits, le souci du détail qui vient naturellement sous sa plume, non pour faire vrai mais parce qu'il est vrai. Qu'il nous décrive sa vie de vigneron, de la «plantèra» a la «cantèra» ou les travaux et les jours à la ferme du premier de l'an à la Saint-Sylvestre; qu'il parle des palombes ou des mousserons, des canards gras ou des abeilles; qu'il fasse revivre des métiers aujourd'hui disparus: «lo cerclèr», «lo crestaire», «lo peirèr»; qu'il nous fasse assister, comme si nous y étions, à une course landaise d'antan ou au jugement de Carnaval, ses chroniques pourraient être l'oeuvre d'un ethnologue qui ne se prendrait pas au sérieux pour mieux nous captiver.

Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses talents, il écrit tout ceci en gascon. Il se délecte à le parler et à l'écrire et je suis sûr que vous prendrez un égal plaisir à lire ses chroniques car elles sont, en effet, délectables.