Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 318 pages
Poids : 310 g
Dimensions : 14cm X 22cm
ISBN : 978-2-36392-160-4
EAN : 9782363921604
Astakos
Quatrième de couverture
N'allons pas croire que notre homme entretenait l'obsession du souvenir qu'il laisserait derrière lui. De la postérité, il se souciait comme d'une guigne. « Ce n'est pas elle, ironisait-il, qui me donne à manger ! » Par surcroît, il en fut toujours conscient, les générations futures thésauriseraient son apport après son trépas. Aussi eût-il été bien près de les accabler de son mépris, s'il n'avait réservé ce traitement à ses contemporains, dont, guidé par l'expérience comme par l'observation au jour le jour, il ne se formait pas une image très flatteuse. Du haut en bas de l'échelle sociale, il avait beau chercher, il ne trouvait pas une âme à exempter de sa réprobation. Le roi, selon lui, n'était qu'un pleutre, s'abritant derrière des prêtres et des gendarmes pour déployer de grands airs et imposer ses quatre volontés, prompt en outre à mettre au compte de son charisme personnel les hourras qu'il devait à la brutalité de sa garde, chaque fois qu'il s'exhibait à la populace. Qui, à part eux-mêmes, aurait bonne opinion des personnages dont toute l'activité en ce monde est de s'enrichir à millions grâce aux dérisoires économies de ceux qui travaillent pour de bon et qu'ils ruinent sans scrupule, si l'occasion se présente et s'ils y entrevoient seulement, pour leur propre situation, un hypothétique intérêt ? Qui dilapiderait son affection en faveur de capitaines d'industrie qui, ayant mené leur établissement à sa perte, jugent néanmoins, applaudis par leurs pairs, que leur spectaculaire incompétence est d'un plus grand prix et mérite donc un plus considérable salaire que, mises ensembles, toutes les créations des artistes, toutes les découvertes de la science, toutes les tangibles merveilles nées des songes philosophiques et de l'extravagance des poètes? Aux aristocrates, le percussionniste reprochait de faire ostentation des privilèges, dividendes et prébendes que ni leurs talents, ni leurs efforts n'auraient pu leur assurer, ainsi, dans le même ordre d'idée, que de se croire supérieurs à lui sans posséder la moins exceptionnelle de ses aptitudes.
« Longtemps, Alain Gerber a restitué la réalité du jazz au travers de biographies. Aujourd'hui, il préfère la fiction. [...] Excentrique, comme les personnages qu'il décrit, Alain Gerber aime le jazz au point de l'imaginer à travers Us mots, [...] habité par Us jazzmen et leurs odyssées, Gerber arrive à les restituer dans leur génie et leur folie. Son écriture, poétique et rythmée, réussit à évoquer l'écho de leurs solos. Il choisit un thème, l'énonce, s'en éloigne, se perd dans de libres improvisations puis y revient, [...], en un parfait rendez-vous avec le tempo. » L'express