Des dieux et du monde

« Pourquoi donc les Anciens laissèrent-ils de côté les leçons directes(logous) pour employer des mythes (muthous), voilà ce qu'il vaut la peine de rechercher ; et même, le premier avantage que l'on tire des mythes est cette recherche, ainsi que la jouissance d'une pensée non inactive.

Ainsi donc, que divins soient les mythes (theioi oi muthoi), on peut le dire en considérant ceux qui s'en sont servis : parmi les poètes ceux qui étaient inspirés par la divinité, parmi les philosophes les meilleurs, ceux qui ont enseigné les rites d'initiation et même les Dieux en leurs oracles se sont servis des mythes [...].

Le Monde aussi peut être appelé mythe, puisque des corps et des objets y sont apparents (phainomenôn) et que des âmes et des esprits y sont cachés (psuchôn de kai nôn cruptomenôn) ».

Saloustios, Des Dieux et du Monde, prologue (trad. G. Rochefort modifiée, Belles Lettres, CUF, 1983²).

Ce volume, issu du premier colloque du réseau « Polymnia », consacré à la recherche sur la tradition mythographique de l'Antiquité à la Renaissance, propose une première approche sur la question complexe des « fonctions et usages de la mythographie ». Il rassemble des contributions qui vont du VI^e siècle av. J.-C. à la Contre-réforme et portent sur divers mythographes (Théagène de Rhégium, Métrodore de Lampsaque, Heraclite le Rhéteur, Conon, Parthenius, Macrobe, Servius, Fulgence, Béroalde, André Schott...), sur leurs particularités narratives, leurs pratiques interprétatives (l'exégèse allégorique, la théologie physique...) et sur la réception de ces dernières de l'Antiquité à la Renaissance, où la mythographie est constituée en véritable science poétique.