Atteinte à la fiction de l'état

Ce n'est pas un roman policier mais il y a un agent de la Sûreté tchèque qui file l'héroïne entre la France et l'Italie.

Ce n'est pas un roman d'espionnage mais il y a des messages codés qui convoquent à des rendez-vous clandestins.

Ce n'est pas un roman politique mais il y a des atteintes à la fiction des Etats.

Ce n'est pas un roman d'épouvante mais il y a les assassins du Printemps de Prague.

Ce n'est pas un roman-film mais il y a le saxo de Shepp sur la bande-son.

Ce n'est pas un roman porno mais il y a du foutre au chapitre XIX.

Ce n'est pas un roman-de-femme mais il y a Judit.

Ce n'est pas un roman-de-mec mais question fantasmes ça va de mâle en père.

Ce n'est pas un roman-fleuve mais il y a les eaux de l'Inn qui traversent tous les rideaux d'affaires de toutes les Europes.

Ce n'est pas un roman historique mais il y a Mai 68 et août et tout ce qui s'ensuivit et qui s'ensuit encore.

Ce n'est pas un roman d'aventures mais il n'y a que ça : embuscades, filatures, contacts, évasions, embûches, séparations, terreurs, retrouvailles émerveillées, missions secrètes, départs précipités, pièges, planques, poursuites.

Ce n'est pas un roman d'amour... si, c'est un roman d'amour.

C'est le bonheur pluriel du roman retrouvé.

D'ailleurs son béros - un cinéaste gauchiste viré de la Télé - s'appelle Roman.

Parce que Judit, la belle étrangère, s'entête avec son accent à le nommer ainsi.

Mais elle, qui est-elle qui prétend s'appeler. Svaradja ou quelque chose comme ça ?

Il croyait le savoir, soudain il ne sait plus...