Autobus de chez nous

Comment imaginer Paris sans ses autobus ? Figurants omniprésents, acteurs parfois, ils sont depuis un siècle inscrits d'office au générique du grand spectacle qui se joue quotidiennement dans les rues de la capitale et de sa banlieue. Parmi eux, les autobus à plate-forme occupent une place à part. Parce qu'ils symbolisent une époque : celle où il était encore possible de faire la causette avec le receveur en allant de Montparnasse à la Bastille le nez au vent. Trois générations de voyageurs, Parisiens et banlieusards, provinciaux et étrangers, ont goûté le charme bourru de ces gros engins bicolores au museau court ou plat, increvables serviteurs patauds et bringuebalants dont le moteur grondant sentait l'huile chaude et le "ternaire", et qui s'annonçaient de loin par les craquements de leur embrayage. Il y a tout juste vingt-cinq ans que le dernier de ces vieux autobus a pris sa retraite. Depuis, il manque à Paris comme un morceau de son décor.