Autrefois la pêche en eau douce

Le caviar des esturgeons du Rhône servi dans la soupe des indigents, la ligne flottante interdite sous peine d'amende, des chevaux élevés pour l'extraordinaire longueur des crins de leur queue et de leur crinière, le poisson-chat introduit en Belgique pour repeupler les cours d'eau pollués, 80 000 personnes agglutinées sur les quais à Paris pour assister à un concours de pêche au coup, un vairon artificiel utilisé pour leurrer la truite vers 1650, la brème jugée digne des repas les plus fastueux au Moyen Age... les pêches d'autrefois en eau douce surprennent à plus d'un titre. Tout d'abord, elles étonnent par l'ingéniosité et le savoir-faire des pêcheurs des siècles passés qui, sans avoir à leur disposition la technologie et les matériaux inventés au XX^e siècle, ont su mettre au point des engins et des procédés toujours efficaces aujourd'hui. Par ailleurs, les valeurs des pêcheurs eux-mêmes - tout comme les jugements de la société sur la pêche - ont forcément changé au cours des époques : tel poisson déconsidéré de nos jours était jadis des plus estimés, telle technique ridiculisée pouvait devenir un sport à la mode quelques décennies plus tard... Malgré tout, le temps semble avoir peu de prise sur l'art de la pêche tel qu'en lui-même. Le pêcheur actuel n'éprouve-t-il pas des émotions semblables à celles de son aïeul de la Renaissance lorsqu'il relève une nasse, observe son flotteur s'enfoncer dans l'eau ou sent un poisson se débattre au bout de sa ligne ?

Une soixantaine de sujets ont été choisis par l'auteur pour souligner les différentes dimensions de la pêche en eau douce. Des articles de journaux, des extraits de livres écrits par des naturalistes, des auteurs halieutiques ou des romanciers, sont rapportés à de nombreuses reprises comme autant de témoignages de l'évolution de la pêche au cours des siècles. Les textes sont ornés d'une iconographie riche et variée, souvent inédite.