Aux basaltes de l'âge

Encouragé par les poètes André du Bouchet et Pierre Oster, artisan de la mélopée du sonnet, publié dès l'âge de 17 ans et reconnu par ses pairs dont l'Académie des Jeux floraux, Philippe Pichon s'est progressivement libéré de toute contrainte de versification ; il réinvente sa langue dans ce nouveau spicilège, premier d'une série au « format-paysage ».

Aux basaltes de l'âge n'est pas un recueil de textes mais bien plutôt un Voyage poétique et l'auteur ici, - l'oiseleur lyrique - un romancier-sourcier, un guide de haute-nature, un semeur de palets ou « galets » d'or linguistique.

Le poète a choisi de nous restituer par bribes la vie toute entière, empreinte de ses doutes et de ses désirs, dans sa ressemblance absolue avec la Nature et nous invite à flotter loin des « assouvissements impossibles » et des saccages du temps « d'acier et d'asphalte », à « jouer à saute-montagne », à sucer un brin de menthe pour réveiller « les joies vertes », à refuser le « colin-maillard des habitudes » pour reconnaître « la ferveur perdue ». Alors abandonnons nos âmes à ce « berger d'orage » qui nous pousse irrésistiblement « À la rencontre du hasard », laissons-les pister ce pailleteur de cours d'eau dans sa course fougueuse à résoudre « Le rébus des sources ». Nos coeurs, ainsi inondés de lumière, nuées ou pépites, réussiront peut-être à ployer nos « genoux de basaltes » sous l'« Arbre-pluie » parce qu'il est vivement conseillé de se désaltérer à l'univers ici conté !

Extrait :

Toujours en marche, en moi circulent les eaux-mères, usure des pas millénaires sur les orgues tronquées devenues chaussées luisantes pour le pèlerinage des torrents.

Les temps ont poussé et émoussé la jeunesse des pierres épuisée en sursauts.

Déjà notre âge appartient aux renoncements.

Pourtant je ruisselle encore de toute l'herbe vive des hauts-plateaux inaccessibles.