Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 152 pages
Poids : 194 g
Dimensions : 14cm X 22cm
EAN : 9782905964489
Aux distraitement désespérés que nous sommes...
sur les films de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
Quatrième de couverture
Le cinéma de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet prend le risque quasi pascalien de la pensée. Il est «archaïque» ; les textes qu'il met en scène viennent de loin : à l'exception d'Heinrich Böll et de Franco Fortini, ils sont antérieurs au milieu du siècle. Il ne se tient pas à l'«avant-garde» : il méprise les «expériences» où se préparent les techniques et les profits de l'exploitation. Il n'est pas «difficile» ou «minimal», pas plus en tous cas que Corneille, Hölderlin, Cézanne, Kafka, Brecht ou Schönberg. Il est exigeant : il traite avec son public d'égal à égal. Il ne mâche pas les mots et ne facilite pas le travail.
Ecrire sur ce cinéma-là est une épreuve. Il faut en passer par une résistance triple : l'épaisseur du film, le tranchant des mots et la récurrence des idées reçues. Impossible d'y couper, de se réfugier dans le jardin sécuritaire de la «théorie» et de goûter aux réconforts de la paraphrase, d'expliquer ou de raconter. La mise en scène, film après film, traîne l'écriture. Elle la contraint à abandonner les abris du hors-champ. Il faut suivre les films pas à pas, mettre son empreinte dans leur trace au risque de brouiller l'une et l'autre.
Danièle Huillet et Jean-Marie Straub n'ont à offrir que l'intelligence de leur fureur. Ils ne sont pas «réconciliés» et refusent de se «repentir». Ils ne partagent pas l'euphorie sinistre du bel aujourd'hui. De Machorka-Muff à Cézanne, il n'y en a, depuis trente ans, sur le champ clos de l'écran, en plein cadre, que pour le refus.