Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 24 pages
Poids : 250 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-84766-643-4
EAN : 9782847666434
Borgat Armel Marie
né le 9 août 1880 à Campénéac, tué à l'ennemi le 20 octobre 1915
Quatrième de couverture
Le lacet
En passant, je le vis, dormant, presqu'assis, seul...
Mort... horriblement beau... la douleur pour linceul.
Retenu par le flanc à ce sol qui l'épouse,
Comme une sombre proie à la jaune ventouse,
D'une terre vampire au limon rougissant,
Des larmes de nos corps dont les pleurs sont de sang.
J'ai contemplé ce mort en songeant à la vie,
Et je le contemplais d'un long regard d'envie.
Dans l'ouragan du coeur et l'effroi des entrailles,
Prélibant dans l'horreur mes propres funérailles.
Sa tête s'inclinait au suprême examen,
De sa cuisse brisée et de son bras sans main,
Et ses yeux n'étaient plus que de froides parcelles,
D'eau glauque qui dormait près des berges isocèles.
D'une paupière morte où se tenaient des cils,
Avant leur chute immonde en de morne exils.
Le rictus de sa bouche étalait l'inventaire,
Complet, souillé terreux, d'un système dentaire,
Qui maintenait encore un lacet de coton,
Détaché, je le crois, de sa peau de mouton.
De sa bouche à sa main... à sa main existente,
Tendu par leurs efforts pour la mortelle attente,
Le lacet s'enroulait sur le sanglant moignon,
De ce soldat français... Mon pauvre compagnon.
C'était pour le serrer, qu'il s'était mis ainsi,
Et c'est en le serrant qu'il était mort assis !