Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 509 pages
Poids : 740 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782845866171
Aux sources du roman colonial, 1863-1914
l'Afrique à la fin du XIXe siècle
Quatrième de couverture
Les discours tenus aujourd'hui sur l'Afrique restent pour une large part pénétrés des fantasmes nourris par la conquête coloniale à la fin du XIXe siècle. Pour les saisir à leurs origines, l'auteur de ce livre est remonté aux sources du roman colonial français et a relu plus d'une centaine de romans ou cycles romanesques publiés entre 1863, date du texte fondateur Cinq semaines en ballon, et la guerre de 1914.
Ces fictions, dues à quelques grands noms (Zola, Villiers de l'Isle-Adam, Jules Verne, Rosny Aîné) et le plus souvent à une foule de feuilletonistes sans gloire (de Louis Boussenard à Fernand Hue, d'Armand Dubarry à Edgar Monteil), combinent avec une grande liberté les scénarios les plus improbables avec des matériaux empruntés aux récits de voyages des explorateurs. A ce titre, elles forment au sein de la littérature fin de siècle un vaste territoire inexploré, avec son histoire et ses sous-genres propres, ses pratiques d'écriture et ses stéréotypies particulières.
Enfants perdus livrés à la gueule des lions, explorateurs assiégés par des hordes de cannibales, reines des Amazones à l'ardeur tropicale, sous-offs ignares proclamés rois par des foules noires émerveillées: rien ne manquait aux terreurs rassurantes et aux espérances illimitées promises aux lecteurs, ces téméraires aventuriers en chambre. Mais ces fictions leur livraient aussi, sous le couvert didactique et moralisateur d'aventures déclarées authentiques, des histoires de pillages et des scènes de carnages - affabulations de militaires rêvant, dans l'attente de la Revanche, de blanchir l'Afrique noire en exterminant ses habitants.
De la visite d'un continent alors si mal connu qu'on pouvait tout en dire, il ressort que la France, ligotée dans les certitudes rigides du positivisme, du nationalisme et du racialisme, a rencontré l'Afrique à la pire époque de son histoire intellectuelle, au point de faire d'elle le laboratoire fictionnel de ses songeries génocidaires, voire de ce qui apparaît après coup comme un protofascisme français.