Avec notre vocabulaire osseux

Anouk souffre de l'absence définitive de son conjoint. Résultat : elle s'épanche auprès de sa meilleure amie, Clarisse... qui, elle-même, vit une séparation d'avec Gonzague ! Du coup, cette dernière trouve ingénieux de pousser ce dernier dans les bras de la première, histoire de la soulager. Belle réussite, ces deux-là vont s'aimer. Néanmoins, elle ne tardera pas à se rendre compte qu'elle aussi aime Anouk ! Et ces deux-là vont s'aimer également !

Pour asseoir cette situation inédite, tous trois se lanceront alors dans un «trouple» - couple à trois - puis dans l'achat d'un café-hôtel-snack, lieu de leurs multiples rendez-vous passés jusqu'au moment où...

Cette pièce est une comédie solennelle tant beaucoup de répliques pourraient sonner la fin de l'histoire engagée. En effet, les protagonistes ont un naturel à aller à l'essentiel en s'exprimant de façon affirmée et sincère. Ils vivent, de plus, au ras de leurs désirs et dans la conscience de leurs peurs, ce qui ne peut que rendre leurs idées saillantes et leurs vocabulaires osseux.

Le sujet sérieux du «couple qui se fait et qui se défait» hantera cette pièce comme pour mieux sonder et exposer les âmes qui les/nous habitent. En définitive, cette oeuvre ne serait-elle pas un plaidoyer pour que le mystère que contient l'Amour subsiste et pour que, si le hasard existe, on l'appelle de façon indubitable «poésie» ?