Bab el Bahar

Dans un style qui emprunte volontiers ses tics au langage parlé, le narrateur accompagne ici son lecteur-interlocuteur sur un parcours initiatique au Maroc, pays où il a grandi. Révélant le caractère symbolique et poétique de certains lieux comme la Porte de la Mer d'Asilah ou un puits au cœur du Sahara, le récit met tour à tour en scène les voyageurs occidentaux, un lointain habitant du désert, (dont la vision de l'Islam contraste singulièrement avec celle des fondamentalistes) mais aussi des artistes et des écrivains; autant de personnages qui viennent sans cesse se mêler aux souvenirs de la propre enfance du narrateur. Cependant, au fil des pages, le lecteur s'apercevra que c'est bien l'Orient tout entier qui est le véritable protagoniste de ce livre; cet Orient qui fascine les Occidentaux, mais qui n'est, le plus souvent, qu'un mirage qui disparaît lorsqu'ils croient enfin le saisir. Voilà pourquoi le récit s'achève à Tanger, car seule cette cité est en mesure de dissiper le malentendu oriental qui gagne l'Occident. La Tanger évoquée ici est celle qui sait accueillir en son sein Juifs et Chrétiens, celle surtout où la présence occidentale, loin des tensions diplomatiques et militaires, a toujours été celle, plus nonchalante et contemplative, des écrivains, des peintres et des musiciens.