Bancs de rayons

Bancs de Rayons

René Noël a publié essentiellement des textes critiques : sur Jacques Dupin, Gérard Manley Hopkins, Ossip Mandelstam, Anne-Marie Albiach, notamment, dans les revues La Polygraphe, Passage à l'Act, L'Étrangère, La Termitière... Proses singulières, traversés de vers, véritables essais dans le sens où l'entendait Robert Musil. Ce travail est celui d'un poète, qu'il s'agisse de philosophie, d'esthétique, la forme même qu'il revêt, dans la précision du propos, son absence de toute compromission, est d'une étrangeté et d'une réalité que la critique aurait déjà dû saluer.

Poète, René Noël l'est assurément, comme en témoigne le présent recueil, le premier qu'il publie. Poèmes en inventions permanentes, traversés de la réflexion qui est sienne sur la littérature, la peinture, traversés par le charnel, dans un souci rimbaldien du réel. Inventions prosodiques, inventions linguistiques, syntaxiques, analogiques, elliptiques qui rendent cette expérience poétique (qui n'est pas une expérience, donc, dans le sens commun du terme) proche de celles des poètes Obérioutes (association pour l'art réel, ne l'oublions pas). Réalité de la chair et de l'esprit reconsidérés après la mort des idoles, où Joyce, Khlebnikov, Picabia, Cummings... sont fraternellement convoqués.

Il ne saurait suffire d'indiquer ces filiations sans préciser que ces poèmes disent notre monde contemporain, sans s'en laisser compter par les vieilles lunes revêtues de replâtrages qui finiront par lasser. Poèmes à lire, relire, clairement écrits dans la jubilation créatrice qui n'attendent que de rencontrer la jubilation du lecteur.