Bien entendu

Bien entendu

Itinéraire d'un audiophile

Pour vous faire une idée de ce que vaut votre chaîne haute-fidélité, c'est au concert qu'il faut aller.

Un concert acoustique de préférence, sans sono, peu importe le genre de musique, pourvu que ce soient de vrais musiciens.

Ecoutez-les bien, ne craignez pas de fermer les yeux, rentrez chez vous et comparez.

Puis lisez ce livre.

Ceci est incontestablement un ouvrage technique, mais de la technique pour les oreilles. Car la musique ne se réduit pas à un paquet de bits comprimés jusqu'à la caricature, téléchargé furtivement pour l'écouter ensuite en surround Dolbydouille.

La musique naît d'une alchimie subtile entre qui la fait et qui l'écoute. Entre eux, neuf cent quatre-vingt-dix neuf fois sur mille, il y a un fossé. Un abîme même. Enjambé par toutes sortes de ponts, que par commodité on appelle Chaînes haute-fidélité. Souvent des boulets de basse-infidélité.

Ce livre enchante. L'auteur, pour commencer, analyse l'acte d'écouter. Il fonde ainsi son approche globale du lieu d'écoute sur une philosophie qui le guidera tout au long de son itinéraire de dix chapitres. A quoi bon s'intéresser au matériel, en effet, si l'on néglige le milieu dans lequel il est sensé faire des merveilles ? C'est au huitième chapitre qu'on aborde les enceintes acoustiques pour elles-mêmes. Une centaine de pages y sont consacrées. Il reste une autre centaine de pages rien que pour l'électronique, à tubes bien sûr. Ce qui vous fait trois livres en un seul.

Présentation du livre par l'auteur

« La première fois que j'ai écouté de près un quartet de jazz en scène, j'ai été surpris et enchanté par la sonorité de la batterie. De retour à la maison, la déception fut énorme : ma chaîne Hi-Fi, que je croyais excellente, était en fait incapable de restituer la force de ces impacts sans en compromettre la légèreté. Du moelleux de la grosse caisse il ne restait que des bourdonnements. De la fulgurance des cymbales, une bouillie chuintante. Ma chaîne n'était pourtant pas en panne...

Les sons étaient là, mais comme ramollis. J'avais des sonorités mais pas de musique, des notes mais pas d'expression. Il ne restait presque rien de la vivacité du geste.

Que manquait-il donc ?

Il m'aura fallu plusieurs années d'un itinéraire tourmenté pour glaner quelques éléments de réponse à cette vaste question. Ce cheminement m'a conduit vers les haut-parleurs à pavillons, puis vers les lampes triodes, que je regardais jusqu'alors d'un oeil amusé. Je suis devenu audiophile passionné, ni nostalgique, ni rétrograde.

Aux amis qui me demandent un conseil technique, je parle d'abord de philosophie. A celui qui me demande un câble, je propose une enceinte à pavillon.

Et pour l'aider à franchir le pas, je lui propose mon aide. A force, j'ai fini par réunir de quoi écrire cet ouvrage, sans autre ambition que susciter la réflexion, et peut-être quelques vocations. »