Burdigala

«Devant le légat et le rhéteur, qui avaient couvert leur tunique d'une fourrure, en cette fin de mars des plus fraîches, s'affichait un spectacle de désolation. L'ancienne cité largement ouverte, sans la moindre protection naturelle, quatre à cinq fois plus étendue que le castrum, avait été une fois encore abandonnée, et, cette fois, chacun le pressentait, c'était pour un long temps, peut-être pour toujours...»

«Viens avec moi, Caïus! Tu le vois, la situation devient insupportable! Cette fois-ci, ce ne sont pas seulement des bandes de pillards, quelques hordes sauvages en mal d'aventure qui nous assiègent! Ce sont des peuples entiers qui ont envahi la Gaule!...»

En ce début tragique du v^e siècle, le douzième et le dernier de Rome, Burdigala, la capitale de l'Aquitaine Seconde, est bloquée par des invasions d'une ampleur sans précédent, alors que personne ne veut plus prendre les armes. Le légar Marcus ne dispose que d'un faible contingent de soldats, appuyé par des auxiliaires barbares. Il lutte presque seul contre l'inertie des autorités, l'égoïsme des riches, les intrigues de l'évêque. Il arme une ancienne galère et parvient à fuir vers la Galice, où il rencontre la puissante famille des parents de l'Empereur.

Saura-t-il, comme beaucoup de généraux de l'époque, s'élever vers un destin prestigieux? Mais, il faudrait se convertir totalement au christianisme; pour un initié du culte de Mithra, il s'agit là d'un reniement insupportable.

En suivant Marcus et sa galère, c'est le monde de l'Antiquité tardive qui revit sous nos yeux, tout au long de ces «années de rupture».