C'est la faute à Proust

Qu'il s'agisse de songes prémonitoires ou de pulsions inavouées, de colères homériques ou de divagations programmées, des banales anicroches de la vie quotidienne jusqu'aux péripéties les plus fabuleuses, sitôt que leur protagoniste parvient à se donner quelque recul, ces événements (et parfois ces "non-événements") peuvent prendre une coloration particulière, au-delà même de leur absurdité.

Mais quand, sous la fiction de la confidence, l'auteur fait en sorte - avec, comme ici, un humour qui lui est bien particulier - de rendre le lecteur témoin de ses propres errements présumés, c'est une complicité jubilatoire qui s'instaure et grandit de page en page, de récit en récit.

Pour lutter contre la morosité de notre temps, en se complaisant comme il se doit dans la contemplation des malheurs d'autrui, rien de tel donc que ces pseudo-aventures d'homme araignée malchanceux, d'écrivain robotisé, d'amoureux transi ou d'amnésique bafouilleur (sans oublier une kyrielle de malades plus ou moins imaginaires, soignés par d'aussi curieux médecins), toutes aventures d'autant plus farfelues qu'elles se prétendent véridiques.