Patocka

Jan Patočka est à la fois un inlassable interprète de Husserl, notamment de la question du monde de la vie, et un phénoménologue soucieux de revenir à une vie plus originaire que la vie théorétique gouvernée par le regard d'un « je pur » source de tout sens. En refusant l'égologie transcendantale de Husserl, qui, selon lui, concentre toute la lumière de l'être dans le seul ego, il cherche à décrire une expérience du monde qui est antérieure au « je » et qui est sa condition même de possibilité. Certes, Patočka lui aussi cherche à passer de l'intentionnalité au sens de Husserl à l'être-au-monde, mais il le fait d'une manière tout à fait propre avec ce qu'il nomme une phénoménologie « asubjective ». Cela lui permet de considérer l'archi-phénomène de la vie dans toutes ses dimensions : vie perceptive, vie éthique, vie esthétique, vie interpersonnelle, vie historique. Sans oublier la dimension tragique de toute vie humaine. Cela n'est possible que par un retour aux Grecs qui ouvrent un accès à une physis première. En philosophie il n'y a de nouveau commencement que par un retour à l'origine et l'existence elle-même se comprend comme un être ouvert à la totalité et comme une manière d'habiter le monde tout en le rendant habitable pour les autres hommes.

En varia se trouvent une étude sur la signification de l'épisode du vol des poires dans les Confessions de saint Augustin ainsi qu'une étude sur l'écriture de l'Histoire selon Arendt, qui se répondent dans une interrogation sur la signification éthique du récit en philosophie.