Carlo Goldoni, avocat vénitien

Carnets italiens

Avant de se consacrer entièrement à sa carrière d'auteur dramatique, à l'âge de quarante-et-un ans, et après avoir suivi des études de droit, Carlo Goldoni a exercé les métiers de greffier et d'avocat à Venise. Il n'est ainsi pas étonnant que son oeuvre théâtrale entre en résonance avec son parcours de juriste, et avec un contexte historique et social qu'il a d'abord découvert non comme homme de théâtre, mais comme professionnel du droit : elle est le fruit des apports réciproques de ces expériences judiciaire et littéraire et porte la marque d'une attention constante aux faits de société. À travers ses comédies, Goldoni laisse en effet paraître une personnalité soucieuse du droit du commerce et des successions, du droit de la famille et du mariage sur lesquels l'« Avocat vénitien » fait preuve d'une compétence réelle au regard de la singularité du système juridique de la Sérénissime. La scène du théâtre lui offre un espace pour aborder les problèmes d'actualité et soumettre au regard du spectateur les réponses du droit vénitien. Au fondement de cet ouvrage se trouve l'hypothèse novatrice d'un engagement politique de Goldoni : mettant ses connaissances juridiques au service de la fiction, l'homme de loi se prononce auprès de ses contemporains, et s'engage, au moyen de sa création artistique et de ses choix de carrière. Cette hypothèse, féconde, conduit à un changement radical dans l'interprétation de son oeuvre, ainsi qu'à un portrait inédit du dramaturge le plus célèbre du théâtre italien. Anna Sansa prouve ici que Goldoni croyait à la composante pédagogique du théâtre et qu'il entendait mener sa réforme pour un art engagé.