Carnet à palabres

Redonner vie à une personne qui fut et n'est plus, recréer son souffle et comprendre ses dérives, se replonger dans l'époque furieuse et joyeuse des années 68, c'est le pari de ce roman puzzle. Dès le premier chapitre, notre curiosité est titillée par une voix singulière. On tourne les pages avec fébrilité. Deuxième chapitre, deuxième tableau : une nouvelle voix, un portrait différent s'esquisse. Troisième tableau, encore une autre lumière, un autre angle, d'autres mots. Et ainsi de suite, ces croquis se superposant jusqu'à nous livrer un portrait polygone. Des pierres différemment taillées, qui constituent la mosaïque cohérente et vivante d'un jeune homme indocile, représentatif d'un certain style de vie et esprit de cette époque. Rejet du conformisme, de carcans matérialistes. Aspiration vers la liberté, soif de justice, rêve d'une société nouvelle. Tentative d'évasion stoppée brutalement lors d'un voyage africain.

Anne, libraire