Carré blanc sur fond noir

Sans le Congo, sans ces dos creusés par les fouets qui chantaient la gloire des rois, sans ces femmes épuisées d'aubes qui mirent au monde des enfants qu'un roi anthropophage, velu, vorace avala par millions, sans ces files de porteurs supportant la charge royale, suant et crevant sous l'ivoire et le caoutchouc, bêtes de somme, sommes royales, genoux ployés, sans ces hommes que les soldats forçaient à saigner les lianes si hautes dans les arbres et qui quand ils tombaient ne se relevaient jamais, sans ces foules d'ouvriers nègres et d'ailleurs qui déchirèrent les grandes forêts troublantes pour y tracer un chemin de fer qui coûta bien des cimetières de Matadi au Stanley Pool, sans le sang nègre que la terre but jusqu'à la colère, le roitelet Léopold n'eût jamais fait son beurre. Son peuple n'aurait jamais eu la vie qu'il a. Et des rois qui suivirent dans la dynastie, on n'entendra jamais tomber de leurs bouches froides, fausses un murmure d'excuse.

Pardon à la grande nation nègre pour les crimes qu'on lui fit.

roman