Rayon Culture
Cassandre, n° 84. Europe no culture, no future

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 96 pages
Poids : 200 g
Dimensions : 22cm X 28cm
ISBN : 978-2-9521402-2-5
EAN : 9782952140225

Europe no culture, no future


Série | Cassandre
Paru le
Broché 96 pages

Quatrième de couverture

Gabriel Monnet quitte la scène

Gabriel Monnet a déserté la scène du conservatoire de Montpellier où, avec de jeunes étudiants, il préparait un spectacle d'après Antonio Lobo Antunes... Sa mort, survenue le 15 décembre, restera la seule désertion de celui qui jamais n'a pris sa retraite de théâtre.

« Si c'était à refaire, je commencerais par les amateurs. »

Avec cette déclaration provocatrice, Gabriel Monnet signait son parcours. Pionnier des pionniers de l'immédiat après-guerre, il est de ceux ne se sont jamais résolus au fossé irrémédiablement creusé, année après année, entre la « haute culture » de Malraux et l'Éducation populaire.

C'est dans l'Éducation populaire que ce résistant, à peine sorti des maquis du Vercors, a fait ses premières armes théâtrales. Instructeur national d'art dramatique de la toute nouvelle direction de la Jeunesse et des Sports, il rejoignait Joffre Dumazedier, fondateur de Peuple et Culture, à Annecy, où sa mise en scène des Coréens de Vinaver lui vaut une première confrontation avec la censure.

De l'Éducation populaire, il va alors rejoindre l'une des premières institutions de la Décentralisation théâtrale en s'engageant à la Comédie de Saint-Étienne avec Jean Dasté. Et, en prenant en 1964 la direction de la Maison de la culture de Bourges, il bascule dans le camp des « professionnels ».

Basculement ? Oscillation ou dialectique, plutôt. Car ce héraut de l'art dramatique, celui qui aimait à citer la phrase de Copeau - « Il ne faut toucher ce métier qu'avec des mains de feu » - n'a cessé de se battre contre tous les conformismes, toutes les situations acquises et toutes les contraintes. De l'Éducation populaire, sa maison d'origine, il récusait les bonnes volontés pédagogiques, le déficit d'exigence artistique et une relation à l'art empreinte d'un certain angélisme scout. De la « profession », il sut dénoncer l'installation dans le confort et le conformisme. Risque qui ne l'a pas vraiment guetté : sa liberté de parole et d'action lui valut d'être successivement éjecté de Bourges en 1969, puis de Nice où il avait fondé le Centre dramatique national ! Il faut dire que ni ses idées ni son tempérament ne le prédisposaient à s'entendre avec le très affairiste Jacques Médecin...

Au-delà de ses péripéties, la vie de Gabriel Monnet, c'est le théâtre toujours repensé, toujours recommencé, l'incessant combat contre l'ignorance et la bêtise, avec les armes de l'art que tout au long de sa vie il n'aura jamais cessé d'affûter.

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