Champagne

Regard complice

Champagne

De grandes plaines jaunes et nues, auxquelles juillet vient de couper leurs cheveux d'or ; immenses et molles vagues de terre au sommet desquelles frissonnent, comme une écume végétale, quelques broussailles. Ainsi Victor Hugo décrivait-il la Champagne.

Et bulles et Sainte Ampoule, berceau du vin et lieu du sacre de nos rois. Coteaux à perte de vue et kilomètres de caves. Flèches de cathédrales et le sourire d'un ange aussi connu que celui de Mona Lisa. Tracée à la craie, rendue célèbre par Clovis et dom Pérignon, la Champagne peut aussi se révéler être une terra incognita pour ceux qui, à saute bouchons, veulent la découvrir.

Et d'abord, où est-elle exactement cette parcelle de France planétairement masculinisée et métamorphosée en flûte enchantée ? S'étend-elle sur quatre départements : la Marne, l'Aube, la Haute-Marne et les Ardennes conformément au découpage régional ? ou se restreint-elle à un peu plus de deux de ces derniers pour grignoter une partie de l'Aisne et de la Seine-et-Marne, selon une géographie plus vinicole ? L'esprit champenois ignore les frontières administratives préférant épouser la courbe des coteaux. Une Champagne-agrappée. Une Champagne secrète qui, derrière la vitrine de ses grandes maisons de Reims et d'Epernay, et des caves renommées de la côte des Bar ou de Sézanne, cache également de merveilleux petits châteaux, des manoirs, des demeures traditionnelles de vignerons ou contemporaines d'architectes.