Charlie Parker

Lorsque j'ai organisé mes tournées Jazz At The Philharmonic, pendant les années 40 et 50, j'ai enregistré de nombreux concerts, et pour les fans de jazz qui ne pouvaient y assister, ces disques constituaient un véritable don de Dieu.

J'ai aussi réalisé que si je parvenais à graver ces prestations en public, il serait tout aussi passionnant d'inviter plusieurs vedettes et d'enregistrer une série de jam sessions en studio. J'ai donc cherché à rassembler des musiciens qui avaient rarement, ou jamais fait un bœuf ensemble. C'est ainsi que sont nées les Norman Granz Jam Session series.

Durant des années, j'ai essayé de réunir les trois meilleurs saxophonistes alto, mais les problèmes d'ordre logistique étaient presque insurmontables car ces trois instrumentistes travaillaient et voyageaient constamment. Finalement, tous trois jouèrent à la même époque à Los Angeles et je pus organiser les séances d'enregistrement. J'avais besoin d'une rythmique exceptionnelle capable d'accompagner trois solistes si différents. De nouveau, j'eus de la chance : le pianiste Oscar Peterson, le contrebassiste Ray Brown et le guitariste Barney Kessel se produisaient à Los Angeles, et j'engageai le batteur J. C. Heard pour compléter la section. J'ajoutai aussi deux saxophonistes ténor exceptionnels : Ben Webster et Flip Phillips, ainsi que le trompettiste Charlie Shavers. Une fois la séance d'enregistrement achevée, quel ne fut pas mon chagrin de m'apercevoir que j'avais complètement oublié de demander à un photographe de fixer cet événement historique pour la postérité !

Quarante ans, oui, quarante ans plus tard ! je reçus une lettre de Hank O'Neal m'informant qu'en réalité, il y avait eu un photographe lors de cette séance : Esther Bubley.

Croyez-moi ami lecteur, si vous êtes vraiment passionné de jazz, regardez longuement ces photos, fermez les yeux et écoutez la musique.

Extrait de la préface de Norman Granz.