Cher monsieur Lérot

Fin 1979, le fondateur de la revue Le Lérot rêveur, Jean-Paul Louis, découvre le premier tome de la trilogie Jacques Vorageolles de Maurice Ciantar. Son enthousiasme est instantané : « C'est immédiatement le ton des grandes oeuvres. Les premières pages sont insaisissables, presque agaçantes par les sautes d'attention qu'elles créent. Au bout d'une dizaine on ne peut plus s'en passer. » II écrit un éloge vibrant et l'adresse à l'auteur, qui lui répond le 30 mars 1980.

Début d'une correspondance, qui se termine dix ans et 122 envois plus tard, avec la mort de l'écrivain.

Cet ensemble de lettres est un document de premier ordre sur la publication des derniers livres de Maurice Ciantar, et il est exceptionnel à deux autres titres.

C'est un remarquable et constant monument de style que l'auteur érige, et on y trouve ces attendus ramassés et remarques aiguës qui caractérisent sa prose, sur la société de son temps comme sur les personnes qu'il surnomme, cite ou épingle.

C'est ensuite une somme précieuse sur la vie littéraire des Éditions du Lérot durant leur première décennie d'activité : Jean-Paul Louis lui adressant toutes ses publications, son interlocuteur les commente, avec le plus souvent une grande justesse, et toujours finesse. L'esprit de ces Éditions du Lérot à leurs débuts apparaît ainsi en filigrane, Maurice Ciantar étant, à l'époque, un de ses plus originaux et emblématiques représentant.