Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 178 pages
Poids : 434 g
Dimensions : 17cm X 20cm
ISBN : 978-2-85035-115-0
EAN : 9782850351150
Chères images
peinture et écriture chez Gilles Aillaud
Quatrième de couverture
L'absence d'images dans un livre n'empêche pas leur surgissement en filigrane, comme des courants d'air qui passent entre les lignes. Dans les traces de Gilles Aillaud, peintre lié au mouvement de la Figuration Narrative, Nicolas Pesquès interroge cette alliance secrète entre parole et image. Deux formes d'expression, qui, sans se confondre, convergent vers une même question impossible : « La seule question qui vaille est celle à laquelle on ne peut pas répondre. Les bêtes nous indiquent la possibilité de ne pas la poser. L'expression est ce que nous avons trouvé de mieux pour ne pas la résoudre sans l'étouffer. Par la peinture, par le poème, nous la restituons dans son malheur. »
Au fil de son essai, Nicolas Pesquès tente de mieux comprendre la voie ouverte par le peintre qui voulait « peindre ce que l'on a devant soi », qui voulait donner à voir l'étrange évidence des existences animales, végétales, minérales : Gilles Aillaud, écrit-il, « ouvre et accède au monde. À ses rivages, à ses arbres, à ses cailloux. Il ouvre et accède au grand large de l'anonyme flux des choses précises. » Choses que le peintre saisit à la croisée de l'énigme de leur venue, et de l'évidence de leur présence.
Et si l'idiome général commun à toutes les expressions était l'image ?
Et qu'à l'empire du discours on puisse opposer un étoilement du corps et de la pensée, un rayonnement de plusieurs puissances. Une imagerie venue de partout et de tous nos sens.
Ce serait l'empire de l'image, toutes images confondues, pour faire rentrer le discours dans le rang. Décoloniser l'espace occupé par la grammaire, laisser les images à leur tâche, nous abasourdir par leur manège et leur grégarité. Car les images appartiennent à tous les mondes, elles peuvent y circuler, transiter, s'échanger, peut-être même se fondre s'il est possible de les accorder - les verbales, les picturales - de les voir sans avoir à les dire ou de les dire comme si on les voyait seulement, les touchait, les entendait. Dire n'offrant plus que cela : du sens, un bouillonnement et une expansion des sens ; la souplesse de la pensée précipitant l'étourdissement, la mêlée d'une seule image et de plusieurs capacités. Allant ainsi par d'étonnantes passerelles, chaque pas supposant son abîme, l'acclimatant, chaque pas fournisseur de vide, de vertige. À la fin ce serait toujours le même résultat : une émotion constituée, restituée, imagée.