Chroniques socio-anthropologiques au temps du sida

Depuis des années, Rommel Mendès-Leite, Bruno Proth et Pierre-Olivier de Busscher s'emploient à éclairer un autre <>, difficile même à nommer, entre homosexualité et bisexualité, ces terres inconnues de la non-hétérosexualité, dirais-je dans un essai infructueux de faire simple. Mais comment faire simple, alors que la tâche à laquelle ils se sont patiemment attelés est justement de nous démontrer que dans la sexualité, rien n'est simple, et surtout pas les identités sexuelles ? Il serait bien pratique et reposant pour un esprit obtus de pouvoir disposer pour son repos mental de catégories identitaires bien séparées, qui permettraient de caractériser chacun une bonne fois pour toutes et qui guideraient une action bien prévisible. Or, une des démonstrations convaincantes de ce livre est qu'il n'en est rien : les identités d'homosexuels, de bisexuels, d'hétérosexuels ne sont pas si étanches et elles ne prédéterminent pas des conduites immuables, pas plus d'ailleurs que les identités de séropositifs ou de séronégatifs.