Cinq ans

«Tu m'as posée sur le canapé. Parce que je suis ta chose. Ton instrument de plaisir. Je suis comme ces meubles rapportés de ton passé qui te suivent comme des trophées. Je n'oppose plus de résistance. Comme le frigo je ronronne à vide en attendant que tu me remplisses le week-end ou quand tu veux.»

«Je suis partie, nous dit Marie Veluet. La prisonnière s'est évadée du frigo pour nous offrir, dans une langue inventive, dense et brûlante, son chemin de libération poétique.

On présente trop souvent la littérature et particulièrement la poésie comme un moyen d'échapper au monde en le rêvant (ou, pire et plus savant, comme un jeu expérimental qui n'aurait rien à voir avec le monde). Marie Veluet nous montre au contraire qu'elles permettent de se réapproprier sa vie, jusque dans les profondeurs où l'effondrement de toutes les illusions qui semblaient lui donner sens pourrait nous inciter à laisser toute espérance, et que cet acte de vérité est source d'une joie contagieuse.

Encore jeune, elle s'affirme déjà pleinement, avec une voix personnelle, neuve, maîtrisée, immédiatement reconnaissable. A lire à voix haute, éventuellement sur fond de guitare électrique, et parfois aussi très silencieusement, la nuit grande ouverte, le coeur attentif.» (Emmanuel Hiriart)