Du symbole au symptôme

Il suffit de frôler l'une des multiples antennes d'un symbôle pour que le corps se souvienne de ce dont le sujet n'a rien voulu savoir, lorsqu'un événement trop grand pour lui l'a dépassé. Mais ne sommes-nous pas toujours dépassés par nos amours, qui nous ont traumatisés dès le premier jour, parce que nous leur avons toujours été inégaux ? Nous grandissons de la sorte au milieu d'une forêt de symboles qui nous font agir, parler et vont s'épaississant avec l'âge. La révérence pour les symboles hante ainsi l'être parlant : ils le tiennent dans une telle horreur sacrée qu'il ose à peine les reconnaître. Nous nous rendons facilement compte des symboles, dès lors qu'ils sont collectivisés, mais ceux que nous avons en propre restent le plus souvent au secret jusqu'à nous rendre malades. Nous avons tous une petite collection de symboles qui témoignent de notre histoire, aux carrefours où elle nous a submergés.

Nous, enfants obéissants, «on» leur obéit sans oser les regarder en face. L'obéissance aux symboles jusqu'à la maladie est d'autant plus absolue qu'elle est méconnue.