Con Fuoco

Virginia Woolf notait : «On parle de préparer un livre ou d'attendre une idée. Et puis tout arrive en tempête.» Con fuoco est le nom que donnent les musiciens à la fougue, à l'emportement. C'est le ton et le rythme que j'ai donnés à mon refus, à ma rage. En raison d'un processus sans précédent de mise aux normes des esprits et d'uniformisation de la langue, nous sommes gaspillés. Dans ce livre, j'ai tenté de tracer une ligne de résistance aux capitulations que demande à la vie un système qui sature le monde d'inauthenticité. J'ai pesé mes pour et mes contre. J'ai mis au net les pensées de ma chair plutôt que mes opinions. Je n'ai donc rien figuré de moi, qui ne soit à prendre ou à laisser. Changer l'ordre des choses suppose que chacun détermine l'ouverture de son angle. Dénonçant la pacotille littéraire, André Breton écrivait déjà : «La littérature doit mener quelque part.» D'où l'alternative : écrire contre le système, ou bien se taire. Sauf à accepter de rejoindre la cohorte des gens de lettres, à la solde de la domination culturelle.