Collection(s) : Collection Récits
Paru le 31/12/2011 | Broché 138 pages
photographies Jean-Pierre Loubat | préface Sonia Garcia Soubriet | avant-propos José Manuel Goni Pérez
Hamido exerçait à Tanger son métier de cireur depuis vingt ans dans la « ruelle des cireurs ». Cette ruelle s'ouvrait dans le Petit Socco, face au Café España, entre le Café Pilo et un bureau de tabac. C'était une voie voûtée et sombre qui menait, quelques mètres plus loin, à la pâtisserie La Española que les amateurs de bonnes meringues et autres délicieuses spécialités n'auront certainement pas oubliée.
La douzaine de cireurs qui opéraient dans le quartier se réunissaient dans cette ruelle. Son étroitesse et sa voûte facilitaient la transformation en ouragan des deux vents dominants à Tanger, celui de l'est et celui de l'ouest. Hamido était le plus ancien et le plus âgé de la corporation. Le luxe et le clinquant de sa boîte à cirage tout comme l'autorité exercée sur ses collègues en étaient la preuve.
Son autorité, en raison de son âge et de son ancienneté dans la profession, était indiscutable. Quant à la richesse et à la splendeur de sa boîte, personne n'osait l'imiter. Il s'amusait à dire : « Les classes ont toujours existé ».
Nous pénétrons, dès les premières pages, dans ce monde de la vieille ville avec ses marchés, ses cafés et ses commerces. Le moindre recoin de chaque rue ou venelle, chaque trajet sinueux sont rendus avec une minutieuse délicatesse, depuis la promenade de Felipe et Paco, l'itinéraire de Monsieur Louis dans le souk d'Afuera et le marché couvert, le Zoco Chico, d'où démarre la ruelle des Betuneros, jusqu'au Fondouk de la rue Estatuto ou la petite muraille du Boulevard... Si bien que chaque nouvelle est un tableau où l'on parle des vents, de la lumière de la mer, des odeurs du poisson fraîchement pêché, des cafés et des Bakales, des vêtements comme le sarouel ou des arômes de cuisine, et de cette grande fresque surgit Tanger.
Jean-Pierre Loubat, photographe né en
1944, vit et travaille à Nîmes. Son travail
s'articule autour des questions de l'espace
et du temps. La ville et l'environnement
urbain figurent depuis de nombreuses
années au coeur de ses problématiques. Le
travail mené Sur les traces de Marcel
Proust aborde la question du lieu en
rapport avec le temps et l'oeuvre de l'écrivain. Il mène ensuite un travail sur le
thème de l'atelier d'artiste, qui vient
prolonger sa réflexion sur le rapport entre
le lieu, l'oeuvre, et le créateur. Au travers
de ces images, le photographe livre sa
vision de l'atelier comme prolongement
de l'espace mental du plasticien, laboratoire d'expérimentation, de recherches
et de mise en question du travail
artistique.
Depuis l'an dernier il choisit d'explorer
Tanger, ville mythique qui a attiré de
nombreux artistes, peintres, acteurs et
écrivains, afin de saisir son génie inspirateur de tant d'oeuvres.
Juan Vega Montoya, né à Utrera
(Séville) en 1932, est arrivé à Tanger à
l'âge de quatre ans. Il a suivi ses études
primaires à l'école de l'Alliance Israélite et
obtenu le Diplôme d'Études Commerciales au Lycée Regnault. Sa vie professionnelle s'est déroulée à Tanger, Casablanca, Tétouan (Maroc) et Pau dans les
Pyrénées Atlantiques. Son retrait de la
vie active lui a permis de satisfaire son
goût pour l'écriture. Son récit court
« Comme un coup de vent » a remporté le
premier prix du concours littéraire Un
chemin, une histoire organisé par l'hebdomadaire Le Point. Il a écrit en 2000 son
premier roman en espagnol El último
verano en Tánger. Son deuxième roman, Il
était une fois Tanger, en français, a vu le
jour deux ans plus tard.
Les onze nouvelles qui composent ces
Contes de Tanger sont également
publiées en espagnol, dans un texte
original de l'auteur, aux Editions du
Paquebot.