Corse

En 1984, au lendemain de la défaite électorale de son parti l'UPC, une impression de vide et d'inutilité s'est emparée du militant autonomiste Que faire ?

Réagir ! D'abord, cesser d'affirmer pour commencer à pouvoir réfléchir. S'interroger soi-même et puis aller vers «les autres». Ecouter ce qu'ils ont à dire. Découvrir et repérer «les choses» telles qu'elles sont et non pas telles qu'on voudrait qu'elles soient. Les organiser peu à peu dans sa tête.

En pratique : prendre un bloc-notes, un stylo, un magnétophone. Solliciter la parole des autres, chacun dans son propre domaine professionnel et dans ses convictions profondes. Transcrire ensuite fidèlement ce qu'ils ont confié d'abord avec réticence puis détendus.

Nous voilà à l'écoute d'un linguiste, d'un philosophe, d'I Muvrini, d'un poète, d'un autonomiste flamand (de passage), d'un chanteur populaire et d'un guitariste, de 3 avocats des prisonniers politiques, d'un peintre, d'autorités académique, universitaire, administrative de l'île, de politiques et d'intellectuels «engagés», de «développementalistes», d'un prêtre et d'un professeur archivistes de la mémoire corse, d'un aventurier des mers du sud...

Leur compréhension - si diverse soit-elle - de la réalité nous souligne l'engagement de chacun envers la société. Et c'est cela qui est respectable. Voilà où se situe le bien-fondé du politique. Ainsi, les questions de l'émancipation, de la démocratie, de l'édification d'autres rapports, du partage, prennent-elles un sens concret et un intérêt neuf pour le militant en quête d'une autre voie...