Crayons de couleuvres

Cinq enfants, âgés de sept à neuf ans, se retrouvent dans « la jungle », un coin qu'ils se sont inventé à l'écart du lieu où jouent les autres, les biens élevés aux cheveux lisses.

Cette jungle est leur refuge, là où ils s'amusent, dansent, se mettent à l'épreuve, se questionnent, tentent de comprendre le monde et de s'aimer.

Leur principale préoccupation : le cap des onze ans, âge qui éparpillera leur enfance et les projettera du jour au lendemain dans un monde qu'ils redoutent, à l'opposé de leurs attentes.

Quartz : T'as pas envie que tes parents meurent des fois ?

Raoul : Des fois j'imagine leur mort ; j'ai pas envie, mais j'y pense quand même, j'aime pas.

Quartz : Moi j'ai envie de les tuer.

Raoul : C'te blague.

Quartz : Je sais pas comment faire, si c'est mieux le matin quand ils dorment, le soir quand ils croient que je dors, si je leur parle avant, si je vise le coeur, la tète, le dos...

Raoul : Pourquoi tu veux les tuer ?

Quartz : Suzy Siou est amoureuse de moi, elle vient de me le dire.

Raoul : Suzy Siou aime tout le monde, elle veut être la préférée de chacun.

Quartz : Toi, t'es en fauteuil, elle peut pas t'aimer.

Raoul : Elle s'en fiche.

Quartz : Les filles aiment les forts. Si je te mets par terre, tu ne peux plus rien faire. Imagine : ceux de la cour carrée débarquent, t'es coincé, tu peux même pas aider Suzy Siou à s'enfuir. Et danser jamais.

Raoul : Je suis en fauteuil, mais j'ai un cerveau qui marche. Le tien baigne dans la confiture pour les mouches, toujours à demander des conseils, à imiter les autres.