Crédit revolver

Il y avait également ce paquet, lourd pour sa taille, emballé de papier kraft et ceint d'un bout de ficelle de cordonnier. Pablo n'avait jamais été un adepte du rouleau de Scotch. A l'intérieur de paquet, dans un second morceau assez répugnant de papier kraft imbibé d'huile, j'ai trouvé un pistolet, et sur un bout de carton blanc de boîte à chaussures, tout maculé de gras, Pablo avait écrit au crayon de bois : « J'avais prévu de le donner à Xavier mais je sais que tu sauras en faire meilleur usage. Pablo »

- Putain ! fis-je à haute voix, un Luger Parabellum.

Enfant de l'assistance enrôlé dans la lutte militante armée, Mortant nous entraîne dans une violente sarabande à l'intérieur des arcanes des réseaux clandestins. Né sous X, élevé par des réfugiés de la République espagnole, il va traverser la deuxième moitié du 20ème siècle avec les espoirs et les illusions de sa génération : révolution, rock'n'roll, amour pas si libre que ça. Et un jour tout bascule : membre d'un groupuscule gauchiste, Mortant est accusé d'un meurtre politique qu'il n'a pas commis, mais dont il a fourni l'arme. Il écope d'une lourde peine de prison mais ne trahit pas « la cause ». Lorsqu'il se retrouve bien des années plus tard gracié et réhabilité, a-t-il le droit de tuer celui qui l'a trahi, puisqu'il a déjà purgé sa peine par anticipation ? Une forme de mort à crédit revolving, à crédit revolver... Un pan de l'histoire politique européenne de la fin du 20ème siècle décrypté l'arme au poing.