Créer une image de soi dans le machrek arabe

Parce qu'ils s'inscrivent dans un antagonisme à l'échelle mondiale qui les hypothèque, les échanges culturels entre le Machrek arabe et l'Europe semblent être dans une impasse. Les bases ambiguës à partir desquelles sont négociés, de part et d'autre, ces échanges, ainsi que la tendance des partenaires au repli derrière la prétendue universalité de leurs valeurs, ne donnent-elles pas aux pays d'Europe et du Machrek une même responsabilité face à l'isolement des créateurs ? Les origines du malaise remonteraient aux relations houleuses qu'ont entretenues, durant des siècles, l'Orient et l'Occident. Elles semblent relever aussi, depuis l'accès à l'indépendance de ces pays, de la structure même des États et des devenirs des sociétés. Cette conjoncture contrecarre le développement des pays de la région et altère le rapport de leurs peuples au monde.

Au-delà du constat qu'elle fait des entraves posées à l'émergence de l'individu/citoyen dans le Machrek arabe, l'auteur considère que c'est la précarité de la construction de l'Etat-nation qui a engendré des identités confuses. Celles-ci ont brouillé l'image de l'Autre, rendant complexe le dialogue avec lui. Ce dialogue est d'autant plus improbable que la capacité des individus à créer librement une image sereine et pacifiée d'eux-mêmes est obstruée.

Elle parvient pourtant, à travers l'analyse de certaines évolutions notables de l'espace culturel arabe, à y déceler des parcours de femmes et d'hommes qui, souvent par la transgression, se soustraient au carcan des idéologies et esquissent de nouvelles approches de leur créativité.