D'enceintes judiciaires en arènes politiques c'était le grand Moro ou l'éloquence en marche

Quand lui revint, naguère, l'honneur de prononcer le discours de rentrée des Cour et Tribunaux de la Principauté, devant une assemblée captive et recueillie. Henri Rossi évoqua l'attachante figure d'un illustre orateur : M^e Vincent de Moro Giafferri, ténor incontesté du barreau parisien et tribun politique à l'éloquence rare et tellement naturelle que les génies du Verbe semblaient, dès le berceau, s'être penchés sur lui.

Mais, hélas ! limité par le temps imparti, son propos ne pouvait que laisser l'auditoire sur sa faim...

D'où la nécessité, pour répondre à des voeux exprimés ça et là, d'achever - si tant est que cela fût possible, car quelle toise donnerait une exacte mesure ? - un portrait déjà bien esquissé afin que d'un passé s'éloignant à grands pas resurgisse, fidèle et expressive, l'image du "Grand Moro".

Docteur en Droit, lui-même anciennement inscrit au barreau d'Aix-en-Provence, puis tour à tour magistrat en Corse, sur le Continent et à Monaco, chargé d'Enseignement Universitaire et auteur apprécié de maintes publications à caractère juridique et historique, H. Rossi a, naturellement, bien reçu le message. Et, bien que l'entreprise donnât à réfléchir, il va, en fin de compte, lui consacrer ce livre dans le texte duquel jaillit, de page en page, la superbe éloquence du génial orateur, à la fois :

- avocat sans frontières, pourfendeur fracassant des outrances nazies ("Göring, prends garde à toi !") ;

- avocat sans esclaves et encore moins sans maîtres, défenseur convaincu des Caillaux et Humbert au temps des "proscriptions" ("N'allumez pas les bûchers !"), de l'anar Dieudonné de la "bande à Bonnot" ("L'opinion publique délibère à vos côtes ? chassez-la cette intruse !") ;

- avocat réputé des causes désespérées, acharné à sauver la tête des tristement célèbres Landru ("Montrez-moi des cadavres !") et Weidmann ("Les monstres créent des monstres !") ;

- "debater" de tribunes et remueur de foules, toutes arènes confondues, toujours prêt à combattre pour le Vrai et le Juste ("Défends-toi Jacques Bonhomme ! Lève-toi et crie Justice sous le ciel flamboyant ; la justice est sacrée, et elle triomphe toujours !").

Loué soit donc l'auteur d'avoir ressuscité ce talent prodigieux, cet artiste des Mots si féru de son art qui fut, et restera dans toutes les mémoires, l'un des "Meilleurs ouvriers de la Parole".