L'oeil de Nica

New York, le fleuve Hudson, San Francisco, chats, musiciens, voyages, Cathouse - la légendaire maison aux cents chats : ainsi se compose l'univers passionné de Pannonica de Koenigswarter, que l'on surnomme « la baronne du jazz » ou, pour ses familiers, simplement « Nica ». Amie et confidente de très nombreux jazzmen, à commencer par Thelonious Monk, elle les a maintes fois photographiés, souvent avec son polaroïd made in U.S.A. ; loin de se comporter en « voyeur », elle s'est tenue exactement là où la proximité avec ses modèles s'imposait. Elle en saisi la gaieté, le recueillement, la fraternité, la spontanéité. Elle n'avait pas l'ambition d'être une professionnelle de la photographie ; ses images relèvent du journal intime. Elles sont aussi le reflet de la grande époque du be-bop, époque où il n'était pas bon d'être Noir en Amérique. Bravant les préjugés, s'insurgeant contre la répression physique et judiciaire, Pannonica est devenue la protectrice des jazzmen, n'hésitant pas à s'en porter garante dans les commissariats ou devant les juges. Ces photographies inédites nous font partager sa vie, et son monde fait de swing et de tendresse mélancolique.